"Un non à Frontex rendrait les Accords de Schengen et de Dublin caducs"

Intervista, 14 aprile 2022: Bilan; Philippe Monnier

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Bilan: "La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter estime inimaginable que tous les pays paient pour l’élargissement de la protection des frontières de l’Union européenne, sauf la Suisse."

Les Suisses se prononceront le 15 mai sur la participation de la Suisse à l’élargissement de Frontex, l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes. Les opposants dénoncent la part de responsabilité de l’agence dans les violences et les expulsions qui touchent les migrants aux frontières de l’Union. Mais pour Karin Keller-Sutter, conseillère fédérale PLR chargée du Département de justice et police, le véritable enjeu de cette votation pour la Suisse est le maintien des Accords de Schengen et Dublin.

Si le peuple devait refuser l’élargissement de Frontex, les risques d’exclusion des Accords de Schengen et de Dublin seraient-ils réels?
Les risques sont énormes. L’accord d’association à Schengen est très clair. En cas de refus de participer à l’élargissement de Frontex, notre association aux Accords de Schengen et de Dublin serait automatiquement caduque, à moins que la Commission européenne, tous les États membres de l’Union européenne et la Suisse ne parviennent à se mettre d’accord à l’unanimité dans un délai de nonante jours.

Le Conseil fédéral aura donc la possibilité de trouver une solution négociée avec l’Union européenne.
Je dois être très claire sur ce point: si la Suisse refuse une contribution financière par respect pour une décision du peuple, le Conseil fédéral n’aura strictement aucune marge de manœuvre. Le bulletin de vote n’est pas un formulaire à choix multiple: c’est oui ou non. Et si c’est non, que voulez-vous que le Conseil fédéral négocie?

Je parle en connaissance de cause, car je participe aux réunions des ministres de l’Intérieur de l’Union européenne et des autres États Schengen. Il est tout simplement inimaginable que tous les autres pays paient sauf la Suisse. Franchement, après l’abandon des négociations en vue d’un accord-cadre, ce n’est pas le moment de mettre sur la table une nouvelle difficulté qui pourrait compromettre nos relations avec l’Union européenne.

Sans Schengen, le tourisme serait impacté mais de moins de moins de touristes ont besoin d’un visa pour entrer en Suisse. C’est déjà le cas des Européens, des Américains, des Japonais et peut-être bientôt des Chinois.
Mais les ressortissants de nombreux autres pays auront besoin d’un visa spécifique à la Suisse, car le visa Schengen ne sera plus valable en Suisse. Certains touristes qui visitent l’Europe éviteront la Suisse pour s’épargner des démarches et des coûts supplémentaires. La Suisse est déjà très chère et les montagnes sont très belles aussi en Autriche ou en France. En plus du tourisme, les voyages d’affaires seront également affectés.

Quels autres secteurs clés pâtiraient d’une exclusion des Accords de Schengen?
La sécurité. Le système d’information Schengen est la colonne vertébrale de la sécurité de la Suisse. Saviez-vous que cette base de données européenne est consultée quotidiennement 300’000 fois par les autorités suisses, en particulier par les policiers et les gardes-frontières? L’accès à ces bases de données communes est vital, mais sans les Accords de Schengen et de Dublin cela ne sera plus possible.

De plus, en l’absence des accords de Dublin, il faudra s’attendre à une augmentation du nombre de demandes d’asile dans notre pays. Chaque requérant débouté dans un pays Dublin aura la possibilité de tenter sa chance une deuxième fois en Suisse.

C’est à l’accord de Schengen que nous devons la liberté de mouvement entre pays européens. La contrepartie de cette liberté, ce sont les contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’espace Schengen. Ces contrôles auxquels participe justement l’agence Frontex. Or, si la Suisse sort de Schengen, nos frontières deviendront des frontières extérieures. Les entraves à la libre circulation auront un impact négatif sur l’ensemble des secteurs économiques.

Est-ce que les craintes que vous exprimez sont corroborées par les expériences des pays hors des Accords de Schengen et de Dublin, par exemple le Royaume-Uni?
Pour se rendre au Royaume-Uni, même les Suisses ont maintenant besoin d’un passeport; une carte d’identité ne suffit plus. En plus, un afflux de réfugiés afghans a été observé au Royaume-Uni.

Concernant le trafic frontalier, quelles seraient les restrictions en cas d’exclusion des Accords de Schengen et de Dublin?
Il y aura davantage de contrôles aux frontières suisses et donc de longues files d’attente. On devrait chercher des solutions pour laisser passer les frontaliers pour que la vie économique puisse continuer.

Si la Suisse devait être exclue des Accords de Schengen et de Dublin, quels en seraient les avantages économiques et généraux?
Franchement, je ne vois absolument aucun avantage pour la Suisse. Quel serait l’avantage d’avoir plus de criminalité et moins de coopération internationale? D’être le seul pays où on peut déposer une deuxième demande d’asile? On peut être pour ou contre l’Union européenne, mais s’il y a vraiment des domaines où il faut travailler avec les autres pays européens, ce sont la criminalité et la migration.

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Ultima modifica 14.04.2022

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